Et si, dans notre challenge de souveraineté numérique, notre meilleur allié était Facebook ?
Certes l'idée peut paraître incongrue : Facebook est la société qui a pris la plus grande avance dans la gestion de l'identité numérique. Lorsqu'on lance ou développe un service en ligne, il est devenu presque impossible de se passer du "facebook login" pour recruter de nouveaux utilisateurs. En deux clics, on remplace nom, prénom, adresse email, mot de passe, l'envoi d'un email de vérification, et en plus, on enrichit instantanément le profil de l'utilisateur d'une photo, la liste de ses amis...
Google, LinkedIn et Twitter suivent de près, ainsi que d'autres acteurs plus discrets, mais tout aussi conscients de l'enjeu (Microsoft, Apple, et même Salesforce)
En revanche, un domaine dans lequel Facebook n'est pas en tête, c'est le data center.
Cela fait près de 10 ans que Google conçoit ses propres machines, après avoir modifié celles des autres. En 2001 déjà, Google équipait ses racks de serveurs avec des machines bon marché, en tirant profit de leur savoir-faire logiciel : en effet, leur architecture intégrant une gestion très poussée de la distribution des données et de leur redondance, il devenait beaucoup plus économique d'utiliser des machines un peu moins fiables, mais beaucoup moins coûteuses que les solutions haut de gamme de Dell, HP ou IBM. Le logiciel faisait le reste. Et lorsque Chris Pinkham a réalisé ce que faisait Google, il y a dix ans, Amazon a emboîté le pas, au grand dam de HP (très bien raconté dans cet article de Wired).
Facebook a suivi plus tard. Et la grande surprise, c'est que contrairement à Google et Amazon, qui géraient leurs innovations et architectures comme des secrets industriels, la firme de Mark Zuckerberg a décidé de prendre la voie de l'opensource. En 2011, donc, le projet Open Compute voit le jour. En effet, quel espoir avait Facebook, malgré ses énormes moyens, de rattraper un jour l'avance de Google, tant intellectuelle (R&D) que matérielle (volume de machines fabriquées, données d'exploitation, etc.) ?
Le seul espoir résidait dans la multitude. Car mettre tout le monde au travail sur un même projet et leur permettre d'en exploiter les fruits, c'est à la fois bénéficier de la contribution de chercheurs et développeurs non salariés (ou du moins pas par eux), et des économies d'échelle, puisque les fabricants ne produisent pas que pour eux.
Le seul espoir résidait dans la multitude. Car mettre tout le monde au travail sur un même projet et leur permettre d'en exploiter les fruits, c'est à la fois bénéficier de la contribution de chercheurs et développeurs non salariés (ou du moins pas par eux), et des économies d'échelle, puisque les fabricants ne produisent pas que pour eux.
On notera que Google a suivi le même chemin en faisant d'Android une architecture ouverte, afin d'avoir une chance de rattraper l'avance prise par Apple avec l'iPhone. If you can't beat it and you can't buy it, opensource it !
Open Software + Open Hardware : un atout de souveraineté ?
Je rebondis bien entendu ici sur cette lettre, dans laquelle Duc Ha Duong annonce ses propositions pour développer Cloudwatt et lui permettre de remplir sa mission de Cloud Souverain. Il me semble fondamental de souligner que l'adoption d'OpenStack par Cloudwatt et Numergy est un très bon choix. Vision long terme, et la meilleure garantie de performance et de vigilance. Non seulement grâce à la masse des contributeurs, mais aussi pour des raisons de sécurité: une organisation ouverte est quasi impossible à corrompre.Grâce à l'initiative de Facebook, on a la même opportunité pour le hardware, et je ne serai pas surpris si après une phase "best effort" basée sur des infrastructures existantes, Cloudwatt et Numergy commencent à développer des data centers à base d'Open Compute, ou nouent des alliances avec des hébergeurs FrenchTech utilisant ces technologies.
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