De retour de son voyage en Australie pour le G20, la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur a fait une escale de deux jours au Vietnam. Venue rencontrer les jeunes VIE (Volontariat International en Entreprise) lors d’un cocktail à l’ambassade de France à Ho-Chi-Minh Ville le 20 juillet, Fleur Pellerin découvre parmi la centaine d’invités un certain nombre de personnes portant un badge « French Tech Viet ».
Le pot du consul hacké
Une trentaine d’entrepreneurs français installés au Vietnam
ont pour ainsi dire « hacké » l’évènement officiel pour lancer ce
mouvement spontané, la French Tech Viet
qui fait écho à la French Tech en France.
Fleur Pellerin a été conquise par le concept, comme en
témoigne son tweet :
J'ai rencontré les VIE au Vietnam et la FrencTechViet ! L'esprit de conquête. #comex #diploéco #FrenchTech #proud pic.twitter.com/Yx5NMd8O6I
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 20 Juillet 2014
Il faut dire que la French Tech, c’est un peu son bébé. Et
si le numérique n’est plus sa principale occupation, elle reste attachée au
rayonnement de la France dans ce domaine. Elle peut être fière de La French Tech Viet qui s’inscrit dans
cette démarche de promouvoir l’excellence de la tech française dans le monde.
« J’ai enfin de
riches échanges avec la communauté française présente dans ce pays – les
Français au Vietnam, nos 60 jeunes qui y sont partis en VIE (Volontariat
International en Entreprise, suivis par Ubifrance), la FrenchTechViet !...
Ensemble, nous devons faire gagner nos entreprises françaises et donner envie
aux investisseurs vietnamiens de miser sur la France et ses atouts ! »
Le lendemain, Fleur Pellerin rencontrait de manière plus
officielle les représentants de la French
Tech Viet lors d’un meeting au Sofitel. L’occasion pour le mouvement de
présenter les grandes lignes de leur projet. Sans s’engager concrètement, la
secrétaire d’Etat a approuvé l’initiative et annoncé qu’elle soutiendrait le
projet. Elle attend maintenant à voir le modèle économique.
Mais qu’est-ce donc, La French Tech Viet ?
« La French Tech
Viet vient booster l’innovation et l’entrepreneuriat, en s’appuyant sur les
expertises et la complémentarité depuis le Vietnam. » C’est ainsi que
les initiateurs définissent leur projet. Petit retour sur la genèse du
mouvement.
Le Vietnam ouvre des opportunités intéressantes pour les créateurs
d’entreprise high-tech : compétences locales bon marché et de qualité,
marché du numérique en pleine expansion notamment sur le mobile, qualité de vie,
passé historique entre les deux pays…
Pour les entrepreneurs au Vietnam, il existe des structures
comme les CCI française et européenne. L’EID (Entreprendre Investir Développer)
et PME Corner par exemple sont deux dispositifs organisés par Julien Brun,
administrateur et vice-président de la CCIFV (Chambre de Commerce et
d’Industrie Française au Vietnam), et qui permettent aux porteurs de projets de
rencontrer des investisseurs. On voit également fleurir des initiatives locales
telles que les Barcamp Saigon, TechCamp, Agile Vietnam, Fablab Saigon, Girl
Geek dinner...
Bref, ça bouge, mais les entrepreneurs français restent
relativement isolés. Pourtant, la communauté tech existe : plus de 300
personnes, une cinquantaine de startup.
Plusieurs conjonctures vont favoriser l’émergence du
mouvement : un projet de création d’un French Tech Hub Asie, un projet de Maison de la France à Ho Chi Minh Ville dans laquelle un étage
pourrait être réservé aux startups, et enfin la visite de Fleur Pellerin au Vietnam. C’est sans doute ce dernier
évènement qui déclenche la mobilisation.
Une petite communauté se forme autour de Kevin Villareal et
Nicolas Embleton, deux startupers ainsi que d’Anaïs Victor, Quynh Huong Duong
et Sylvain Pierre tous trois d’Officience et impulsée par Duc Ha Duong,
d’Officience à Paris.
Nicolas Embleton et Kevin Villareal, deux des membres fondateurs de la French Tech Viet
|
Kevin Villareal
est un peu l’initiateur du mouvement. Installé au Vietnam depuis 5 ans, il
travaille d’abord pour Elca, une entreprise suisse puis décide tout récemment
de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en créant le service diMovie.vn, un équivalent d’Allociné et de cinemur.fr pour le marché vietnamien. A ce titre,
il incarne l’entrepreneur français au Vietnam nouvelle génération, qui se lance
sans grands moyens sur le marché émergeant du numérique. Son projet est
sélectionné par l’EID et c’est à ce titre qu’il est invité au cocktail et au
meeting avec Fleur Pellerin. Pour Kevin, la French Tech Viet c’est « la complémentarité entre nos deux pays et je
ne parle pas seulement de l'expertise versus le coût de la vie pour les
startupers et du travail pour les entreprises mais du fait que les vietnamiens
entreprennent de manière décomplexée là où nous attendons tout du gouvernement. »
Nicolas Embleton
est installé au Vietnam depuis 10 ans. Consultant en ingénierie logicielle et
CTO pour des entreprises implantées localement, il fonde la startup Datafield
spécialisée en collecte de données. Pour Nicolas, la French Tech Viet pourrait être un moteur de l’innovation, de
création de propriétés intellectuelles qui pourraient intéresser des
investisseurs français ou étrangers. Les Japonais par exemple sont très friands
de robotique et il existe une véritable compétence française dans ce domaine.
Ho-Chi-Minh Ville pourrait être la plate-forme tech en Asie, avec des labos de
recherche soutenus par des groupes français.
Devenir le French Tech Hub Asie
L’objectif de cette communauté est de rassembler les membres
de la communauté French Tech installés au Vietnam, pour stimuler
l’entrepreneuriat en s'appuyant sur la complémentarité des expertises et des
environnements socio-économiques entre la France et le Vietnam. A terme,
l’ambition est de devenir la French Tech Hub pour l’Asie, à l’image du French
Tech Hub de San Francisco inauguré en février dernier.
En quelques jours un groupe Facebook est lancé, un logo est
créé en détournant gentiment le logo officiel de la French Tech avec un chapeau
conique, et les bases de la vision sont jetées. La mission est encore floue,
mais le groupe envisage déjà du networking, du mentoring, du soutien technique
et du coaching pour les démarrages de projet.
Grâce au soutien de Jérémy Odoux, fondateur du Club VIE et Guillaume
Crouzet directeur de la CCIFV, le groupe de techs aux chapeaux coniques aura
l’occasion d’approcher Fleur Pellerin, avec le succès escompté et d’obtenir un
meeting de 45 minutes le lendemain.
Le mouvement est lancé et approuvé. La balle est désormais
dans le camp de la French Tech Viet
qui doit transformer cet essai pour devenir le French Tech Hub Asie. Maintenant,
les membres attendent de pied ferme la visite d’Axelle Lemaire. Leur secrétaire
d'Etat officielle connait bien en effet le Vietnam pour y avoir vécu un temps.
D'ici-là, les projets des uns et des autres auront eu le temps d'avancer voire
d’éclore.
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