mardi 7 janvier 2014

L'information : elle vous chatouille, ou elle vous gratouille ?

Dans le monde jadis cloisonné, l'information circulait pour l'essentiel localement, et pour aller plus loin, devait remonter une chaîne d'information, passer filtres et barrages, pour enfin jouir d'une diffusion plus large... et même massive.

C'était l'époque du mass-media.

Des sociétés comme Reuter's ou l'Associated Press, ont fait leur fortune en construisant des réseaux énormes, étendus, au maillage finalement assez grossier mais efficace, pour accéder à de l'info, la remonter, la centraliser, puis la redistribuer.
Ensuite, les journalistes, rédactions, éditeurs (radio, tv, print) en sélectionnaient puis diffusaient une petite partie.

La déroute de l'industrie du disque n'était que la partie émergée de l'iceberg

Les informations "professionnelles" économiques, commerciales, sociales, fonctionnaient finalement de la même façon: quand un événement local se produisait (climat exceptionnel qui donnera une très bonne récolte, un incendie dans une fabrique de composants, etc.), l'information devenait rapidement accessible aux gars du coin qui bossent dans le secteur. Lorsque une info tombait dans l'oreille d'une multinationales et remontait suffisamment haut dans la hiérarchie et près du siège, elle pouvait être utilisé et constituait un avantage concurrentiel. Ce qui ne remontait pas... tant pis (tant que le concurrent ne l'avait pas non plus) !

L'information était rare, précieuse, car peu liquide. La transporter et la traiter coûtaient cher. L'avantage concurrentiel de la contrôler concernait aussi bien l'entreprise que l'employé qui décidait comment l'utiliser. L'employé qui exerçait ce contrôle, pouvait le faire dans l'intérêt de l'entreprise (vérification de la qualité de la donnée, analyse, gestion de priorités, etc.) ou dans le sien seul (politique interne, promotions, statut)

Couverture de Newsweek #lastprintissue

Aujourd'hui l'information est fluide. Les grands groupes media en ont fait les frais (très bien expliqué par Clay Shirky, dans Here Comes Everybody).

Unfair advantage?

Côté business, les réflexes de traitement classiques pénalisent désormais les grandes structures (grandes entreprises, collectivités) au profit des petits, des indépendants, des startupers. Et de "visionnaires" finalement pas toujours si visionnaires, mais surtout capables:
 - d'une part de s'appuyer sur des sources d'information ignorées des analystes et professionnels old-school (qui s'appuient encore beaucoup sur les canaux de diffusions classique, ou leurs versions "en ligne" qui finalement n'apportent pas grand chose de plus).
 - d'autre part de diffuser et traiter rapidement l'information, et de renverser cet avantage concurrentiel qui favorisait jadis les plus grands.

L'installation d'intranets n'a guère modifié l'attitude des individus vis-à-vis de l'information, et le déploiement de réseaux sociaux d'entreprise n'aidera pas si un travail de fond sur l'usage et sur la connexion n'est pas réalisé. 

Après la quantité énorme d'emplois et de métiers qui ont disparu dans les industries de la musique et la presse, ce sont progressivemement des catégories entières de salariés qui vont voir tout ou partie de leurs tâches et savoir-faires devenir obsolètes. Les entreprises (et collectivités et états) qui le comprennent déjà ont peut-être de nouveau l'avantage... 

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