samedi 1 février 2014

Accompagner une mutation vers l'économie de la connexion

Cher Vincent, cher Pierre, ce fut un plaisir de déjeuner ensemble. Mobiliser les amoureux du gaz (notamment les salariés de GrDF, mais pas exclusivement) dans cette grande conversation mondiale que porte Twitter en particulier (mais pas seulement), vous faites face à un enjeu formidable.

Non seulement un enjeu de communication interne et externe, mais plus profondément il s'agit de travailler sur le sens que peuvent porter vos activités quotidiennes et l'identité qu'elles forgent au sein de toute partie prenante. En terme d'impact, c'est une évolution dans les relations hiérarchiques à même d'affecter l'organisation toute entière. Un peu comme si, à côté de la pyramide ou la matrice que l'on connaît trop bien, on allait co-créer une organisation parallèle, dessinant des réseaux d'influence informels soudés par des ponts d'information partagée, de confiance et de sentiments... Un beau challenge, vraiment. J'espère que vous grands chefs sont au courant de la portée de votre mission. Pour aller dans le concret, nous avons identifié 4 chantiers que l'on peut entamer de suite.

Pour les dirigeants : une opération de sensibilisation à la disruption numérique et ses enjeux.

Cela peut se faire avec 1/2 journée sur site, avec un conférencier expert puis 2 animateurs. Ou alors une série de visites d'entreprises tournées vers le 2.0 pour échanger avec startupers. Ou alors une mini-série couvrant un concept nouveau à chaque épisode... A débattre, le format le plus adapté sera établi après étude des caractéristiques de l'audience.

Pour l'entreprise et son écosystème : un atelier d'introspective à la recherche de ses Causes.

Quelle est la raison d'être de GrDF ? Identification et formulation d'une ou quelques Causes fédératrices vers lesquelles au moins 80% des activités de GrDF sont tournées, qui fassent du sens (entendu au sens Meaning de Guy Kawasaki), qui dépassent GrDF par leur impact sur la société et pour lesquelles GrDF est un agent indiscutablement légitime.
Mauvais exemples : changer le monde (pas assez légitime), faire du bénéfice (ne dépasse pas GrDF), sauver l'emploi des Greudfiens (pas assez d'impact sociétal)
Bons exemples : faciliter la transition énergétique globale, zéro morts de froid en France, le confort pour tous..
On procède à cela en confrontant d'une part un recensement des activités quotidiennes des employés de GrDF, dont on identifie les valeurs créées, et d'autre part des entretiens qualitatifs permettant de reconnaitre les orientations des causes personnelles des individus, cherchant par synthèse à identifier la cause commune obtenant la plus forte adhésion possible.
Les employés font A, B, C et ça sert à X et Y pour la société. Quand on en parle aux employés ils sont motivés par les causes Y et Z. A l'intersection du réel et du perçu, Y est la Cause la plus prometteuse à court terme.

Pour chaque Cause : création de l'Amicale regroupant ses fans.

On appelle Amicale la tribu informelle des personnes physiques sensibles à une même Cause. Elle n'a pas forcément un nom ou un logo, ses contours ne sont pas nets car chacun positionne son affinité avec telle Cause selon un continuum. De par sa définition, l'Amicale n'accorde aucun statut particulier aux employés comme aux dirigeants de GrDF. L'indépendance et l'autonomie de l'Amicale par rapport à la direction de GrDF est donc hautement souhaitable pour expliciter cet état de fait.
Idéalement, on arrivera à identifier un porteur de Cause pour l'incarner. J'écris "idéalement" car un porteur de cause ne s'invente pas, on ne s'improvise pas de force dans ce rôle, il faut trouver la perle rare authentiquement inspirée.
Il n'est pas envisagé de créer une personne morale à court terme afin justement d'empêcher structurellement toute prise de contrôle. Du fait de cette absence de moyens, l'Amicale aura donc un champ d'action limité dans le monde réel (pour se réunir il faudra soit que les participants payent leur verre, soir une organisation qui héberge gracieusement un collectif sans personnalité juridique). Dans le monde en ligne, l'Amicale sera présente de manière opportuniste sur les sites où elle trouvera le meilleur soutien (Twitter, Facebook, Tumblr, Meetup, LinkedIn... Les plateformes sont nombreuses et chacune porte une audience particulière).

Pour chaque fan : un programme d'embarquement  dans son Amicale.

Une tournure politiquement incorrecte serait : propagande et enrôlement de militants pour la Cause. Ce processus et les outils afférents seront identiques dans la mécanique pour toutes les Amicales. Il consistera en une gamification de l'engagement dans les réseaux sociaux au travers de missions, de badges et d'étapes clefs. La proposition initiale inclurait une élaboration du programme et une animation manuelle (24x7) par un animateur meneur d'engagement. Sur la base des premiers mois d'expérience accumulée on évoluerait progressivement, de façon agile, vers un mode outillé qui permettra à ce meneur de jeu d'accompagner de plus en plus de fans en parallèle.

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