La liberté d'expression a pris un coup. Certaines personnes intimidées, vont laisser la peur modifier leur comportement.
La communauté musulmane est meurtrie. Les déclarations publiques #notinmyname n'y changeront pas grand chose, malheureusement.
Je compatis bien sur, je suis prêt à aider mon entourage à ne pas s'autocensurer et à assumer pleinement ses croyances. J'attendrai cependant de recevoir des demandes car je n'ai pas de légitimité à dire à mon prochain "tu as un problème et je vais t'aider à le régler". On n'aide pas autrui contre son gré.
Et puis pardon mais j'ai un problème qui me préoccupe, dont je me sens légitimement responsable. Qui n'est ni la liberté d'expression ni la liberté de culte. Je ne sais s'il est "plus grave" ou "moins grave", mais c'est mon problème alors je me dois de m'en occuper le premier, avant de demander de l'aide à mon tour : j'ai des enfants, je voudrais leur laisser un monde paisible.
La moitié de ce problème est leur éducation. Je vais faire de mon mieux, et comme je ne suis pas Raphaël Thobie pour en parler, je vous invite à lire ses mots directement.
L'autre moitié de l'équation, c'est le système, les règles du jeu, la société. Ces derniers siècles Ford, Taylor et leurs amis avaient, ma foi, élaboré une recette permettant un environnement localement plutôt stable et prospère dans certaines zones du globe.
Savoir si cette relative stabilité nécessitait des "sacrifiés" dans d'autres zones du globe ou pas est un grand débat, mais le fait est que depuis longtemps coexistent des zones chaudes, de conflit, ou de misère, et que la relative difficulté de circulation des hommes, des biens et des informations permettait de maintenir les zones stables à l'abri de ces conflits. Il n'aura échappé à personne que les parois étanches sont devenues poreuses. Cette perméabilité croissante du monde n'est pas le pur résultat d'une action politique mais la direction dans laquelle va l'humanité, qui s'est accéléré avec la révolution numérique, comme l'avènement de l'imprimerie a accéléré la diffusion des idées réformistes.
Mais cela ne suffisait pas ; le maintien de cette stabilité locale nécessite également une gouvernance capable de gérer les personnes les plus inadaptées au système. Avec l'éducation commencer par en créer le moins possible bien sur, avec la couverture sociale prendre soin des plus malheureux, avec la force parfois mettre à l'écart les plus dangereux, etc. Et là, malheureusement, notre modèle est en échec également. Avec l'accroissement des inégalités, le gouvernement en quasi-faillite financière et politique, notre système de cohésion sociale devient précaire. On aura toujours des fous. On reconnait une civilisation en bonne santé à sa capacité à s'en occuper.
Parler du drapeau que ces déséquilibrés ont choisi de porter pour commettre leur attentat n'emmènera pas nos enfants dans la bonne direction. Ce n'est qu'une fraction du symptôme de leur folie. Parlons de comment nos systèmes sociaux n'ont pas pu / su inculquer à eux et à tous les autres assassins en devenir, les bases d'un code moral qui nous permettrait à tous d'aller en paix dans la rue faire nos courses.
Alors dimanche, nous n'irons pas à République rejoindre des politiques hors-sol, en voie d'obsolescence. Nous ne voulons pas entendre parler d'islam ou de liberté d'expression. Nous irons au Louvre. Plus précisément, nous irons voir le Maréchal de Coligny, dont la statue se dresse au dos de l'église réformée de l'Oratoire du Louvre. Nous parlerons avec nos enfants de la Saint Barthélémy, cette nuit du 24 au 25 août 1572, et nous leur apprendrons ainsi qu'il est possible de tuer, et de mourir, pour des idées. Cela sera bien assez.
Et après, je retournerai voir Antoine et ses gentils Barbares, et on reprendra le combat contre la banalisation du renoncement, dans l'espoir, au travers des années chaotiques qui s'annoncent, de construire une société paisible pour nos enfants, avec le moins de douleur possible au cours de la transition.
Source Wikipedia CC BY SA 4.0 |
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