Fini l'économie industrielle de la tour Eiffel, où il fallait 100 ingénieurs pour concrétiser l'idée d'un seul entrepreneur... Nous entrons dans une ère où les ingénieurs sont légion, et ce sont les entrepreneurs qui fabriquent le monde de demain.
Je pense que nous devons nous attacher à prendre chaque fonction, nous demander comment elle sera effectuée dans 10 ans, puis essayer d'accélérer la transformation et la rendre la moins douloureuse possible.
Oui, douloureuse : demandez aux taxis et aux journalistes... Ou bien aux scribes quand Gutenberg est arrivé avec sa machine infernale. On voit bien ce qu'est devenu la corporation des scribes...
Exemple : comment fonctionnera une boulangerie dans 10 ans ? Elle saura exactement combien de pains elle doit faire ? Elle aura une machine à combiner les farines pour une infinité de variétés ? Le pain sera livré par drone ? Elle vendra aussi de je viande et des légumes ? Je n'en au aucune idée mais je sur sûr qu'il y a des passionnés visionnaires de la baguette prêts à faire un ou plusieurs de ces paris. Ça va partir un peu dans tous les sens, il faut tous les encourager à prendre ces risques.
Évidemment vu d'ici en 2014 je ne sais pas comment elle fonctionnera, mais la boulangerie de 2024 nous parait super technologique. Il y a fort à parier que les passionnés innovants cités plus haut vont avoir besoin pour réaliser leur rêve de technologies non disponibles ou trop onéreuses il y a 10 ans. Même si c'est un rêve simple et classique comme prédire les bonnes quantités.
En fait, peut-être bien qu'il n'y aura plus de boulangeries dans 10ans, c'est une possibilité ... mais on continuera tous à se nourrir ! Donc attention à bien regarder les activités individuellement, en faisant fi de la façon dont notre société les a organisées en métiers. Par exemple les journalistes ont, entre autres, une activité de rapporter l'information, et une autre de l'analyser. Ces deux activités ne seront pas forcément autant couplées dans le même métier demain, car si les technologies de l'information ont rendu la circulation de l'information de plus en plus facile et fluide, leur analyse et mise en perspective reste une tâche qu'on a du mal à automatiser. Pareil si on part du principe qu'il y aura toujours des boulangeries demain, on se coince déjà dans un cadre qui va peut-être nous faire rater des choses. Il faut considérer séparément la fonction nutritive de la fonction de cohésion sociale d'un quartier et de la fonction émotionnelle etc. (il reste des boulangers qui ont compris que le plaisir d'aller chercher son pain et d'avoir une interaction agréable, sans jugement ni arrières-pensées, même brève, fait partie intégrante de leur proposition de valeur et justifie de marcher 50m, voire 150m de plus pour aller jusqu'à la deuxième boulangerie).
Il faut donc stimuler aujourd'hui les entrepreneurs passionnés qui portent une vision et qui sont prêts à monter une boite le mois prochain. Et dire à ceux qui veulent entreprendre pour des raisons alimentaires (sans Meaning au sens Kawasaki du terme), qu'en effet il faut bien vivre mais de se méfier quand même des premiers, qui auront toujours plus d'énergie et de combativité.
(Post inspiré d'une conversation sur Facebook avec Antonin Michelet et Bruno Jacquemin sur la #FrenchTech)
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